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Lost in Séduction
7 octobre 2006

1987

Un matin d'hiver, mon petit camarade Grégory se jeta au travers de la baie vitrée de l'école maternelle, sous les yeux horrifiés de la maîtresse et des autres gosses.
Par bonheur, nous étions au rez-de-chaussée.
Il venait de me dire qu'il en était capable. C'était réussi.
Par miracle, il n'eut que peu d'égratignures. Il se releva très fier de lui. Sa mère, une grosse brune, vint le chercher pour l'emmener chez le docteur. Même quand elle le gronda, il souriait encore de toutes ses dents de lait, de sa coupe en brosse et de ses taches de rousseur.

Grégory était un brave. Il n'hésitait déjà pas à se fourrer dans la bouche les coquillages de mon collier, recouverts d'un vernis très amer et que nous soupçonnions d'être toxique.
Comme sa mère, il disait beaucoup de gros mots. Il jouait au tennis derrière sa maison. Depuis la nôtre, il n'y avait qu'un champ à traverser. Une fois, j'allai jouer avec lui.
Sans s'y opposer frontalement, ma mère ne voulut pas que j'y retourne. Ce petit, semble-t-il, disait trop de gros mots.
Je ne me posai pas de questions, me contentant d'obéir, comme toujours.

J'étais à peine flattée de l'intérêt qu'il me portait, ne réalisant pas que toutes les petites filles n'y avaient pas droit. Grégory le brave, à peine une goutte d'eau à la surface de mon océan d'indifférence.

Vingt ans plus tard, je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup changé.

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